Les Rencontres des Médias Libres partout !

Ici, dans les 5 dernières minutes, un reportage sur nos rencontres dans l’AlterJT ! Une émission sur Décibel FM :  http://www.decibelfm.fr/nos-emissions-en-podcast/alternatives-rurales Une autre sur Antenne d’OC : http://www.antenne-d-oc.fr/article.php?id=246 Mais aussi deux émissions sur Radio Zinzine, des papiers dans Le Ravi, Reporterre, Bastamag, et notre communiqué sur Acrimed, TV bruits, Le Lot en Action, et tout plein d’autres de nos membres!

1 74 09 99 192.168.0.1 en procès pour lire et soutenir la presse libre

Communiqué publié initialement sur le site de l’IAATA. —————————————————— Je suis 1 74 09 99 192.168.0.1. Je risque 5 ans de prison et 40 000 euros d’amende parce que je suis lecteur et solidaire de la presse libre…
Je suis 1 74 09 99 192.168.0.1.Parce que ce sont des traces numériques que le grand filet de la surveillance a relevées, des traces d’appareils électroniques.
Je suis 1 74 09 99 192.168.0.1.Parce que je suis un parmi d’autre, des femmes et des hommes, qui ont plus à craindre qu’à espérer de l’action de l’État.
Je suis celui qui « faisait l’apologie de la violence » [1], qui rédige le « vade-mecum du parfait casseur » [2]. Pour les 755 000 lecteurs et lectrices de la Dépêche je serai toujours « un homme de 40 ans, qui avait incité sur un site internet à commettre davantage de casses… » [3]. Et ce au mépris d’un certain nombre de règles légales, la présomption d’innocence par exemple. Mais combien cela me coûterait-il de porter plainte ? Pour quel résultat au final ? Est-ce que cette justice qui m’attaque est capable de me défendre ? J’en doute.
Je suis 1 74 09 99 192.168.0.1. La police est venue me chercher à 6h30 du matin. J’ai passé 10 heures dans une geôle qui sentait l’urine, ils ont menacé de venir chercher mon fils au lycée, de m’inculper pour apologie de terrorisme… Parce que je lis et que je soutiens la presse libre.
Presse libre parce que libérée des intérêts marchands. Presse libre parce que diverse et déterminée, ancrée localement au plus près des luttes. Une presse qui ne me dit pas quoi penser mais qui me donne à voir, à comprendre, en prenant clairement position.

L’espace médiatique est la grande scène où se situent les scènes principales de la vie collective ; elle lescompose et elle les reflète. [4] Sans ces sites internet, ces radios libres, ces journaux il y a tout un tas de choses que je n’aurais sans doute jamais sues. Quelques exemples : Bilal Nzohabonayo tué par la police et qui a été présenté tout d’abord comme djiadiste, c’est grâce au travail du site le Rotative.info que la version policière sera démentie ; les circonstances réelles de la mort de Rémi F. sont révélées dans leur intégralité par Reporterre avant que cela soit admis officiellement ; la grève de Radio France en février qui annonçait la plus longue grève de la radio publique de son histoire a été relayée sur Canal Sud et d’une manière générale, ce sont des médias libres qui relaient les paroles des personnes qui luttent. La richesse et la diversité de cette presse est incommensurable. Si je n’ai plus la presse libre je deviens à moitié aveugle. Mon monde n’est plus exprimé que par des artistes et des journalistes, des économistes et des experts, avec qui j’ai, socialement, peu de chose à voir. Cette presse là, ne me donne pas de prise sur le monde qui m’entoure. Au contraire, cette information me le rend distancié, flou, parce que sans correspondance avec ma vie et mes préoccupations. Comme si ce que je vivais n’avait pas de consistance collective. Le monde semble vivre à mille lieux de mon expérience concrète, du chômage, de la précarité, de l’injustice que je constate autour de moi. À la façon des lunettes, les journaux fabriquent des non-vu à partir duquel le monde est vu [5]. Ces derniers mois ont eu lieu de nombreuses manifestations à Toulouse. Systématiquement la presse locale et nationale a titré sur les « violences », le verre brisé, les courses poursuites. Ça manquait cruellement de certains détails. J’ai vu 500 policiers pour 300 manifestant.e.s, j’ai vu la violence et le mépris vis à vis de tout ce qui ne portait pas d’uniforme. J’ai vu des hommes cagoulés, armés, bloquer des rues. J’ai vu des citadin.ne.s gazé.e.s sans distinction. J’ai vu les condamnations judiciaires pleuvoir sur des personnes arrêtées au hasard. J’ai vu les entorses à la procédure. J’ai vu la violence du maintien de l’ordre.
Je n’ai rien lu de tout cela dans la presse dominante [6]. Il n’y a que la presse libre qui s’en est fait le relais.. C’est seulement là que j’ai perçu que je n’étais pas seul à être scandalisé et en colère. Au bout de ces mois d’occupation policière et de procès expéditif, comme si cela ne suffisait pas, je me retrouve moi aussi pris dans la machine judiciaire. Je sais que mon cas n’est pas isolé. Je sais que beaucoup, qui comme moi, luttent pour un monde débarrassé de l’exploitation et des dominations, connaissent la prison, les vexations, les mutilations… Je sais que beaucoup, parce qu’ilelles sont au mauvais endroit au mauvais moment, parce qu’ilelles ont la « mauvaise » couleur de peau, le mauvais passeport, parce qu’ilelles sont pauvres, connaissent aussi la prison, les vexations, les mutilations…
Je sais que ce système repose sur une part non négligeable de violence légale. Je le sais parce que je le vis, mais aussi parce que je peux connaître des cas semblables, savoir ce que beaucoup vivent. Parce que je lis la presse libre. Est-il donc absolument impossible d’opposer aux puissances de l’élimination l’organisation des éliminés ? [7] Ces sites, ces radios, ces journaux sont une organisation concrète des éliminé.e.s, des exploité.e.s, des dominé.e.s, des opprimé.e.s. Et c’est pour ça qu’on les attaque, qu’on veut les faire taire.
Je suis 1 74 09 99 192.168.0.1. Je risque 5 ans de prison et 40 000 euros d’amende pour faire taire la solidarité et la presse libre ! Quelques exemples de presse libre :
Rebellyon, Paris-Luttes.info, Brest-Info, Renverse.ch, la Rotative, Reims médias libres,IAATA ; Rennes Info, le Jura libertaire, « Article 11 », Soyons sauvages, Espoir Chiapas, Collectif Bon pied bon oeil, Atelier médias libres, Courant Alternatif, Editions Acratie, Panthères enragées, Primitivi, éditions Albache, « Jef Klak », le Numéro Zéro, La Brique, « La Lettre à Lulu », Révolte numérique, Radio Zinzine, zad.nadir.org, Contre-faits, collectif Ciné 2000, l’Actu des luttes (FPP), Journal Résister (Nancy), Revue Lutopik, Le collectif Contre Les Abus Policiers – C.L.A.P33, L’Orchestre Poétique d’Avant-guerre O.P.A., L’Envolée pour en finir avec toutes les prisons, Lundi Matin, Radio Canut, Lignes de force, Demain le Grand Soir, Archyves, Revue « Z », Le Canard sauvage, Indymedia Nantes, Hors Sol Confusionnisme.info, Mille Babords, Iacam, « La Gazette de Gouzy », « le Monde libertaire », Regarde à Vue, radio Canal Sud, La Horde, radio La Locale (Ariège), le collectif de Infoaut, éditions Entremonde, éditions Libertalia,Acrimed, radio Bartas (Lozère), la plate-forme Antifa-net.fr, Les Morback Vénères, CQFD journal, Indymedia Lille

Notes

[1La dépêche du vendredi 8 mai 2015 page 21
[220 minutes.fr en ligne le 07 mai 2015
[3La dépêche op.cit.
[4Georges Balandier, Le pouvoir sur scènes, Paris, Fayard, 2006, p. 163.
[5Patrick Champagne, Faire l’opinion  : le nouveau jeu politique, Paris, les Éd. de Minuit, coll. « Le Sens commun », 1990, p. 244
[6Avec quelques exceptions notables le plus souvent des tribunes ou des blogs périphériques (Le Monde, Médiapart)… Finalement des points de vue qui ne rentre pas dans la catégorie « information ».
[7B. Brecht Théorie de la radio 1932 La radio appareil de communication. Discours sur la fonction de la radio

Communiqué des 4èmes Rencontres Nationales des Médias Libres et du Journalisme de Résistance

Ce communiqué est également disponible en format PDF. Vous avez été Charlie ? Alors vous serez Meymac ! Le temps d’un week-end et pour la deuxième année consécutive, cette petite ville de Corrèze, en accueillant les rencontres nationales des médias libres et du journalisme de résistance, est devenue la capitale de la liberté de la presse et du pluralisme. Documentaires, films en avant-première, débats… Avec des figures telles que Denis Robert ou Yannis Youlountas, les Rencontres des médias libres ont attiré plusieurs centaines de personnes. Et, de S!lence à TV Bruits (en passant par les Pieds dans le Paf, Acrimed ou encore la Canarde Sauvage), plus d’une soixantaine de médias associatifs, alternatifs, « pas pareils », libres, alternatifs, citoyens, des journaux papier, des télés participatives, des radios associatives, des sites web, des réseaux et fédérations, des journalistes indépendants… Ce « tiers secteur médiatique » qui représente un journalisme libéré des groupes capitalistes et politiques, relayant cette information que les autres ne font plus, donnant la parole à ce qui ne l’ont pas. Des médias inventifs, innovants, participatifs, horizontaux, citoyens. Des médias qui font autant dans la satire la plus grinçante que dans l’enquête la plus sérieuse. Des médias forcément au bord du gouffre… Ces rencontres se sont en effet déroulées dans un contexte particulier. Rarement l’hécatombe aura été aussi importante dans le monde des médias. Et, dans ce paysage aux allures de cimetière, les médias libres sont en première ligne. Comment pourrait-il en être autrement puisque ces médias ne bénéficient quasiment d’aucune aide ? Médias de la débrouille, habitués à partager la misère et à jongler avec la précarité, ces derniers se sont récemment organisés afin d’aller taper à la porte des ministères. Mais, si nous avons pris notre bâton de pèlerin pour aller rue de Valois, ce n’est pas pour qu’on nous fasse une fleur. Et encore moins tendre notre sébile. Mais pour que la puissance publique reconnaisse et soutienne la contribution au pluralisme de ces médias qui remplissent de fait une mission d’intérêt général. Pour ne pas dire de service public. Si nous regrettons que la récente réforme des aides à la presse écrite n’ouvre pas directement celles-ci aux titres de la presse associative, nous nous réjouissons de l’annonce faite par Fleur Pellerin de la création d’un fonds de soutien aux « médias citoyens », objet de longue date de nos revendications collectives. Nous saluons aussi la disparition de la presse de loisirs et de divertissement de la liste des bénéficiaires de ces aides publiques ainsi que la volonté du Ministère de la Culture de redistribuer les économies réalisées notamment vers ce fonds de soutien aux médias citoyens, associatifs, indépendants, « pas pareils ». À Meymac, les médias réunis dans la CPML ont réaffirmé leur volonté de participer à la définition de ce fonds de soutien, en accord avec la proposition qui leur a été faite par le Ministère. Des propositions concrètes seront très prochainement adressées en ce sens à la Ministre de la Culture. De même, nous ne pouvons qu’exprimer notre satisfaction quant à l’annonce d’un soutien aux nouveaux médias mais souhaitons que les projets de médias non commerciaux ne soient pas oubliés dans ce nouveau dispositif. L’annonce de la création de ce fonds de soutien est une avancée sans pareille dans l’histoire de nos médias. Mais de quels moyens sera doté ce fonds ? Titres de la presse écrite non éligibles aux aides à la presse, télévisions, web radios, pure players, les médias sont nombreux en France à avoir un besoin vital de ce soutien. Celui-ci devra être à la hauteur de l’enjeu démocratique de l’existence d’une presse libre et indépendante consciente de ses responsabilités citoyennes. Pour la ministre de la culture : « Notre mission est de soutenir la presse qui expérimente et invente ». Cette presse, ces médias, ils existent. Ils étaient à Meymac. Où, tout un week-end durant, se sont tissés les nécessaires solidarités entre des acteurs qui ont décidé de mutualiser autre chose que la misère. En clair, leur savoir-faire : mise en place d’une sorte de « compagnonnage » au sein du tiers secteur, réflexion autour d’un Amap des médias libres, coordination autour de temps forts rédactionnels, dans une région où l’on produit d’ordinaire du fromage et des présidents, ce sont les médias de demain qui se sont inventés au fin fond de la Corrèze. Mais, parce qu’on ne rit de bon cœur que dans les cimetières, nous avons décidé de frapper un grand coup. Puisqu’il semble y avoir quelque fonds en faveur de la création de nouveaux médias, puisque l’heure est à la défense du pluralisme et à la dénonciation de la concentration des médias et des puissances d’argent, nous avons décidé de lancer une offre alternative à celle du groupe de luxe LVMH en décidant de rachetant la partie « libéré » du « Parisien libéré ». L’occasion de nous faire connaître de ces lecteurs, de ce public, qui, quoique ayant été « Charlie » (comme tout le monde, ou presque), ignore encore trop souvent notre existence. Nous sommes les médias inventifs et créatifs, nous mettons en place les nécessaires solidarités entre nous. Mais nous n’existerons pas sans vous. Et, même si vous ne savez pas encore, nous sommes vos médias. Signataires (au 12/06/15) : À Contre Courant, Acrimed, Adiu Sud Gironde, Adiu TV, Airelles Vidéo, Aldudarrak Bidéo, Bastamag, BateauBasta, Cafaitdesordre.com, Campagnes Solidaires, CASA (association), Cassandre/Hors Champs, DRLP, Citizen Nantes, Cram Cram Editions, Demosphere Ariège, Demosphere Toulouse, Fakir, Fokus21, Friture Mag, Hexagones, L’âge de faire, L’Insatiable, La Canarde Sauvage, La Fédération des Vidéos des Pays et des Quartiers, La Lettre à Lulu, La Lorgnette.info, La Maison écologique, Le Lot en Action, Le Nouveau Jour J, Le Ravi, Le Sans Culotte 85, Les Amis de la Cathode, Les Pieds dans le PAF, Les Rencontres Médiatiques, Lutopik, Médias Citoyens, Montpellier Journal, Pierre Merejkowsky, Plus Belles les Luttes, Politis, Pumpernickel, adio MNE, Radio Zinzine, Reporterre, Rezonances-Tv, Riv’Nord, SideWays, S!lence, Télé Sud-Est, TV Bruits, ZdF, Zelium