Arrêt des poursuites judiciaires contre La Feuille de chou !

Contre le délit de solidarité, pour le droit à l’information !  SOUTIEN À LA FEUILLE DE CHOU ! Pour la première fois depuis sa création en 2004, La Feuille de chou, média libre strasbourgeois dédié à l’actualité des mouvements sociaux, des luttes syndicales et écologistes, fait l’objet d’une plainte en justice. Jean-Claude Meyer, son fondateur et directeur de publication, a été mis en examen pour « avoir tenu des propos portant atteinte à l'honneur et à la considération de Jean-Claude Bournez », chef de la Mission Roms de la Ville de Strasbourg, dans deux articles publiés en décembre 2014 : « Noël à Strasbourg : le chef de la mission rom de la ville demande l'expulsion d'une dizaine d’enfants dont deux sont des nourrissons » (12/12/2014) « Une femme avec neuf enfants laissée à la rue par la ville de Strasbourg » (19/12/2014) La Feuille de chou a fait de nombreux reportages sur les campements Roms de Strasbourg depuis plus de trois ans, aux côtés d’associations et d’ONG. Elle a consacré plusieurs dizaines d’articles à la situation dramatique et inadmissible de ces citoyens de l’Union européenne, sur la base d’une présence régulière sur les terrains dits « illicites » ou dans les camps gérés par la Ville. Les billets incriminés ne disent que la triste réalité des actions menées par la Mission Roms et ses agents, confirmée, depuis, par d'autres médias, les Dernières Nouvelles d'Alsace et Rue89 Strasbourg en particulier. Il va sans dire qu'une plainte émanant du chef de la Mission Roms de la Ville de Strasbourg, chargé de mettre en oeuvre la politique municipale que nous dénonçons depuis plusieurs années, est une attaque contre la liberté de la presse et d'informer qui vise à empêcher le devoir de solidarité. Elle voudrait nous faire payer, dans les deux sens du terme, notre soutien indéfectible aux familles Roms, nos informations dérangeantes et notre indignation légitime au regard des faits. Selon nous, son "honneur" et sa "considération" ne sont pas atteints. Nous décrivons ses actes ou la manière dont il remplit sa fonction. Nous savons, pour l'avoir écrit, qu'il reçoit des ordres de missions de sa hiérarchie, Mme Marie-Dominique Dreyssé, adjointe aux Solidarités qui a reçu délégation du sénateur-maire de Strasbourg, M. Roland Ries. Ainsi, dans un contexte local et national d'expulsions quasi quotidiennes, mais aussi d’intimidations et de poursuites de militants pour des « délits de solidarité », nous, administrateurs et rédacteurs de la Feuille de chou, revendiquons le droit d’agir en solidarité avec les familles Roms, de veiller au respect de leurs droits de citoyens européens, mais aussi de minorité discriminée, et faisons valoir le droit d’informer librement des politiques municipales et nationales à leur égard, fut-ce d’une manière critique et incisive. Certains d’entre nous sommes les enfants de victimes du nazisme et du franquisme. Nous sommes d’autant plus vigilants sur ce qui, à partir des politiques actuelles des administrations concernées et en particulier pour la Mission Roms, pourrait conduire à de graves dérives. L'histoire montre que cette vigilance est plus que nécessaire. Vouloir l’empêcher aujourd’hui est inquiétant. Aussi, nous n'acceptons pas qu’un fonctionnaire de la Ville, puisse tenter, à travers la justice, de censurer un travail d’information sur ses missions et la politique municipale qu’il met en oeuvre. La plainte contre la Feuille de chou est une grave atteinte à la liberté d'informer que possèdent tout citoyen et les médias, mais aussi une attaque contre la presse qui résiste. C’est pourquoi, les administrateurs, les rédacteurs et les correspondants de La Feuille de chou appellent tous ceux et celles qui sont attaché(e)s à la liberté d’expression et à la liberté de la presse, à signer pour l'arrêt de toute poursuite judiciaire contre son fondateur et directeur de publication, Jean-Claude Meyer. Strasbourg, le 21 juillet 2015 La Feuille de chou Contact : F2C.media@gmail.com   Pour soutenir la Feuille de chou, vous pouvez signez et partager la pétition et participer au pot commun.

Est-il encore permis d’informer sur les activités du groupe Bolloré ?

L’audience du procès en diffamation que le groupe Bolloré intente à Bastamag se déroulera le jeudi 11 février, à la 17ème chambre du Tribunal de grande instance de Paris, à partir de 13h. L’audience sera publique. Ce procès pose plusieurs questions essentielles sur la liberté d’informer, en particulier sur les activités des multinationales. L’audience du procès en diffamation que le groupe Bolloré intente à Bastamag se déroulera le jeudi 11 février, à la 17ème chambre du Tribunal de grande instance de Paris, à partir de 13h. L’audience sera publique. Le groupe Bolloré estime diffamatoire pas moins de huit paragraphes – ainsi que le titre et le surtitre – d’un article de synthèse publié par Bastamag en octobre 2012 et consacré à la question de l’accaparement des terres, ces appropriations de terres à grande échelle par des fonds d’investissements ou des multinationales, principalement en Afrique et en Asie. S’appuyant sur des rapports des Nations unies et d’organisations internationales, cet article dressait un état des lieux du mouvement d’accaparement de terres en Afrique, en Amérique latine et en Asie, et des grandes entreprises françaises qui y sont impliquées. L’article mentionne ainsi les activités du groupe Bolloré, via une holding luxembourgeoise, la Socfin, dans lequel le groupe possède de fortes participations. La Socfin possède de multiples filiales qui gèrent des plantations d’hévéas et d’huile de palme en Afrique et en Asie. En plus de trois journalistes de Bastamag (Nadia Djabali, Agnès Rousseaux, Ivan du Roy), de son directeur de publication de l’époque (Julien Lusson), cette plainte en diffamation vise également le site Rue 89 et son directeur de publication, Pierre Haski, pour avoir cité l’article dans sa revue de presse signalant « le meilleur du web », ainsi que la journaliste Dominique Martin Ferrari, qui a cité l’article dans son site « scoop it » (Options Futurs), et trois autres personnes ayant partagé l’article sur leurs blogs (Thierry Lamireau, Laurent Ménard et Guillaume Decugis). Ce procès pose plusieurs questions importantes : - L’accaparement des terres serait-il devenu un sujet impossible à évoquer sans risquer une longue procédure judiciaire ? Informer sur les mises en cause de la Socfin, dont plusieurs entités du groupe Bolloré sont actionnaires, par des organisations internationales et des communautés locales serait-il tabou ? - Plus généralement, est-il encore possible d’évoquer les activités du groupe Bolloré et leurs impacts sociaux et environnementaux ? Le groupe Bolloré a déjà, par le passé, attaqué en justice plusieurs médias, dont France Inter suite à la diffusion d’un reportage sur ses activités au Cameroun. Ce procès contre Bastamag intervient dans un contexte où les pratiques de la Socfin au sein de plantations qu’elle possède, en particulier en Afrique de l’Ouest et en Asie du Sud-est, sont toujours pointées du doigt par des organisations de la société civile. Des paysans cambodgiens ont d’ailleurs porté plainte en juillet contre le groupe Bolloré devant le Tribunal de grande instance de Nanterre pour violation des droits de l’Homme et du droit de l’environnement. Au Sierra Leone, six leaders de communautés locales en conflit avec la filiale locale de la Socfin viennent d’être incarcérés. - Ce procès intervient également dans un contexte où il est toujours question d’instaurer un « secret des affaires » au niveau européen. Cette disposition, si elle entrait en vigueur, entraverait durement toute information critique à l’égard des grandes entreprises et nuirait gravement au nécessaire débat démocratique sur leurs activités. - Enfin, le fait que plusieurs personnes ou médias qui n’ont aucunement participé à la rédaction et à la publication de cet article soient mises en examen repose la question du statut juridique d’un lien hypertexte, d’une revue de presse ou du partage d’un article via un réseau social ou un agrégateur. Ce sont les fondements du fonctionnement du web qui sont ici remis en cause : les liens hypertextes et le partage de contenus en constituent la principale richesse. Les pressions du groupe Bolloré à l’encontre de journalistes sont régulièrement au cœur de l’actualité. Le collectif Informer n’est pas un délit, qui regroupe une cinquantaine de journalistes ainsi que l’association Reporters sans frontières, s’interroge sur la censure et la déprogrammation de plusieurs documentaires qui devaient être diffusés récemment par la chaîne Canal+, dont Vincent Bolloré est devenu le principal actionnaire. Nous rappelons également que Bastamag fait l’objet d’une seconde plainte en diffamation de la part du groupe Bolloré, pour un petit article évoquant en octobre 2014 une rencontre entre des représentants du groupe Bolloré et des délégués de communautés locales africaines et cambodgiennes en conflit avec la Socfin. La rédaction de Bastamag Photo : Le kiosquier de la Gaité / CC Jean-François Gornet Source : http://www.bastamag.net/Est-il-encore-permis-d-informer-sur-les-activites-du-groupe-Bollore